Education thérapeutique du patient atteint d'obésité : L'atelier psychosocial

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Education thérapeutique du patient atteint d’obésité : L’atelier psychosocial.

 

                Depuis quelques années, la Clinique du Mail propose un parcours d’éducation thérapeutique gratuit, à destination des patients en situation d’obésité morbide (IMC>32).

                Ce parcours, composé d’une dizaine d’ateliers, a pour objectif d’aider les patients obèses à mieux connaître leur maladie-obésité ainsi que les traitements qui s’y réfèrent, et ainsi, amplifier leur motivation à enclencher une perte de poids durable.

                Parmi ces ateliers, j’anime un atelier Psychosocial, c’est-à-dire un groupe de réflexion et d’expression, qui s’intitule : Obésité, alimentation et émotions.

  

L’Education thérapeutique du patient atteint d’obésité, qu’est-ce que c’est ?

                L’obésité est considérée aujourd’hui comme une maladie chronique, récidivante et difficile à endiguer. Comme pour toute maladie chronique, le patient doit apprendre à bien connaître sa maladie et ses traitements s’il espère aller mieux, et peut-être guérir.

????  L’ETP obésité a donc pour objectifs d’apprendre aux patients à prendre en charge leur pathologie, mais aussi à découvrir de nouvelles façons de penser cette pathologie, de s’y adapter et de la prendre en charge.

                 Dans un premier temps, le patient bénéficie d’un Diagnostic éducatif, réalisé par un membre de l’équipe spécialisée. Il s’agit d’un entretien durant lequel le patient va faire le point sur ce qu’il a compris de sa pathologie, sur son vécu de la maladie, son retentissement physique, psychique, social, ce qu’il a déjà essayé pour aller mieux… A l’issue de cet entretien, le patient et le spécialiste identifient les ateliers qui lui seraient le plus profitables et un programme est élaboré.

Il y a 5 catégories d’ateliers :

1/ Connaissance de la pathologie obésité et des traitements qui s’y réfèrent :  

  • Groupe d’information sur la maladie obésité

  • Groupe d’information sur la chirurgie de l’obésité

 2/ Diététiques :

  • Equilibre alimentaire

  • Courses, porte-monnaie

3/ Aspects psycho/socio/émotionnels de la pathologie :

  • Atelier psychosocial

  • Hypnose

  • Sophrologie

  • Socioesthéticienne

4/ Sport et remise en forme :

  • Coach sportif adapté (3 fois par semaine pendant 5 semaines dans un Service de soins de suite et de réadaptation)

  • Kinésithérapie en piscine 

5/ Ateliers spécifiques aux patients allant bénéficier d’une chirurgie de l’obésité :

  • Atelier-repas préopératoire

  • Groupe d’information sur le vécu pré et postopératoire

 

                Le patient peut choisir de ne faire que deux ateliers, mais il peut également participer à tout ce qui lui est proposé. Cela dépendra du diagnostic éducatif.

                 A l’issue de son parcours (dont la longueur dépendra du choix des ateliers du patient) un bilan éducatif est réalisé. Ce bilan, effectué par la même personne qui aura fait le Diagnostic éducatif, permet d’évaluer les progrès réalisés par le patient, mais aussi ses difficultés persistantes, ses demandes, ainsi que la nécessité, fréquente, de poursuivre certaines prises en charge en libéral.

                Parfois, il est nécessaire pour le patient de refaire certains ateliers.

 

La spécificité de l’atelier psychosocial.

 

                Etant donné que l’objectif principal d’un parcours d’Education thérapeutique est d’amener le patient à mieux connaître sa pathologie et à trouver de nouvelles stratégies pour s’en dégager, cette trajectoire spécifique va conduire le patient à penser sa maladie différemment, à SE penser et SE voir différemment, ce qui va entraîner des remaniements identitaires et sociaux qui sont à anticiper.

                En d’autres termes, si le patient en situation d’obésité veut perdre beaucoup de poids, peut-il rester lui-même ? Peut-il préserver tous les liens qui unissaient jusque-là les différentes composantes de sa vie ? Ne va-t-il pas être amené à remettre en question certaines de ses valeurs, la vision qu’il a de lui-même, la vision qu’il a des personnes qui l’entourent, la vision qu’il a de sa vie en général ?

                L’atelier psychosocial est là pour accompagner les patients à anticiper ces bouleversements, à les envisager, les visualiser concrètement et à réfléchir à la façon dont ils vont être capables de s’y adapter.

                 En ce qui concerne la personne en situation d’obésité, mon expérience clinique auprès de ces patients m’a amenée à beaucoup travailler la question des dépendances alimentaires. J’ai pu observer que bon nombre de patients, du fait de leur histoire ou de leur éducation, avaient développé une dépendance alimentaire ayant pour fonction de compenser rapidement des états émotionnels pénibles tels que l’ennui, la tristesse, le stress, la fatigue, la lassitude, la colère… En des termes plus simples, manger permet de décharger très vite, et de manière très efficace des tensions intérieures, si bien qu’à force d’utiliser ce mécanisme de défense, on en devient dépendant.

                J’ai donc décidé de cibler cette problématique, dans le cadre de cet atelier psychosocial.

  

Atelier psychosocial : Obésité, alimentation et émotion.

 

                Ainsi, je suis partie de cette problématique : Comment les patients vont-ils réussir leur objectif de perte de poids sans travailler leurs dépendances alimentaires ?

                De cette problématique, en découlent d’autres : Les patients sont-ils conscients de leurs dépendances alimentaires ? Ont-ils conscience du lien entre émotions et passage à l’acte alimentaire ? Sont-ils conscients de la nécessité absolue de trouver des stratégies pour supporter, dépasser, différer, leurs émotions, dans un projet de perte de poids durable ? Enfin, sont-ils conscients de combien la gestion des émotions ou des tensions internes est centrale dans la problématique du surpoids ?

                 Face à cette mise en abîme des problématiques liées aux émotions et aux dépendances alimentaires, j’ai élaboré un atelier dynamique en 3 objectifs :

                 1/ Amener le patient à identifier les liens pouvant exister entre « événements de vie plus ou moins pénibles », « émotions ou affects pénibles », « passage à l’acte alimentaire comme stratégie d’adaptation »

                 2/ Capacité à reconnaître et exprimer ses émotions

                 3/ Capacités à trouver de nouvelles stratégies adaptatives

 

                Dans cet atelier, on va insister sur la difficulté qu’ont certains patients obèses à différer leurs réactions émotionnelles. C’est comme si leurs émotions avaient un retentissement plus fort, trop fort, ou qu’elles étaient trop fréquentes, ou qu’elles se cumulaient les unes aux autres. Les patients ont alors un besoin de décharge plus intense et, pour ce faire, ils recherchent une sensation de satisfaction rapide, puissante, et efficace, qui les aidera à retrouver une homéostasie.

                A force d’utiliser ce mécanisme de défense, certaines émotions, parfois banales, quotidiennes, peuvent devenir intolérables pour le patient, ce qui va forcément poser problème dans le cadre d’un projet de perte de poids.

  

Déroulé de l’atelier.

 

            L’atelier se déroule en 3 parties, en s’appuyant sur le support pédagogique COMETE (Compétences psychosociale en éducation du patient), composé de fiches pédagogiques et de cartes imagées (cartes Emotions, cartes Situations du quotidien, cartes Evénements, cartes Stratégies s’adaptation, cartes Aidants, cartes Valeurs).

 

1ère partie : Capacités à reconnaître, décrire et exprimer son émotion

                Les patients sont invités dans un premier temps à regarder des cartes, disposées au centre de la table, représentant un large panel d’émotions. Je leur dis : « Voici des cartes représentant différentes émotions. Observez-les en silence puis, choisissez-en une mentalement qui représente bien de que vous ressentez actuellement face à votre maladie-obésité. Lorsque vous aurez tous sélectionné mentalement une carte, chacun se présentera brièvement, montrera à tous la carte sélectionnée et expliquera les raisons de son choix. »

                Cette première partie a comme objectifs de faire se rencontrer les patients autrement qu’à travers une présentation classique, mais surtout d’amener les patients à observer les similitudes ou les différences de chacun par rapport à ce qu’ils ressentent face à la même maladie. Enfin, le fait d’exprimer tout cela oralement et devant autrui, permet aux patients de prendre plus de recul sur ses émotions, de se rendre encore plus compte de l’état d’esprit qui est le sien lorsqu’il initie des démarches de perte de poids.

 

2ième partie : Capacités à faire le lien entre un événement, une émotion et un passage à l’acte alimentaire

                Les patients sont invités à regarder des cartes Evénements, disposées au centre de la table. Je leur dis : « Vous avez devant vous des cartes représentant différents événements de vie. Je vous invite à les regarder en silence et d’en choisir une mentalement qui représente un événement ayant suscité une émotion que vous n’avez pas pu calmer autrement qu’en vous alimentant. Lorsque vous aurez tous choisi votre carte, vous expliquerez un à un, les raisons de votre choix. »

                Ce deuxième exercice permet aux patients de mettre oralement en lien événement de vie/émotion/passage à l’acte alimentaire.

                Une variante de cet atelier consiste à donner une feuille et un crayon aux participants et à leur demander de lister toutes les cartes Evénements qui leur rappellent un moment où ils ont craqué sur la nourriture, du fait des émotions suscitées par l’événement en question. Dans ce cas, les patients prennent conscience de la fréquence à laquelle ils répondent aux événements de vie par l’alimentaire. Pour certains, ce sera face à des événements précis, pour d’autres, ce sera un peu tout le temps…

 

3ième partie : Capacités à cibler d’autres stratégies d’adaptation envisageables pour la suite de son projet thérapeutique

                Les patients sont invités à regarder des cartes « stratégie d’adaptation », disposées au centre de la table. Comme lors des précédentes parties, ils en choisissent une et expliquent ensuite les raisons de leur choix.

                L’objectif ici est d’amener la patient à cibler la stratégie d’adaptation la plus proche de lui, et de l’inviter à l’investir davantage dans le futur s’il souhaite poursuivre son projet thérapeutique.

                Par exemple, si un patient choisi la stratégie « défoulement par le sport », on va insister auprès de lui pour qu’il rencontre nos intervenants sportifs et investisse davantage cette stratégie d’adaptation. S’il a choisi la carte « relations sociales », on va le stimuler à investir davantage les amis, la famille, les associations…

                Le patient peut ainsi repartir avec une idée plus précise des ressources à investir pour réussir son sevrage des addictions alimentaires.

  

Conclusion

 

Il existe une multitude d’atelier psycho-sociaux et bon nombre d’entre eux seraient utiles dans le cadre de l’Education thérapeutique du patient en situation d’obésité. Actuellement, nous utilisons cet atelier pour travailler la question des addictions alimentaires mais peut-être que plus tard, nous l’utiliserons pour travailler d’autres problématiques.

Pour de nombreux patients, la prise de conscience du fait que leur problématique relève du champ des addictions est nouvelle, le plus souvent, ils se voient avant tout comme des personnes en échec, manquant de volonté, indignes, plutôt que comme des individus dépassés par une addiction difficile à traiter. Or, si l’on prend la définition des « dépendances » du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental disorders) on lit : La dépendance est un « mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une altération du fonctionnement (du patient) ou à une souffrance (psychique) cliniquement significative. » Toujours dans le DSM, on peut notamment retrouver les symptômes suivants :

  • Besoin de quantités plus importantes pour obtenir l’effet désiré

  • Souffrances psychiques au moment du sevrage (irritabilité, obsession, anxiété, dépression…)

  • Désir conscient du patient à arrêter sans y parvenir

  • Multiples tentatives d’arrêt infructueuses

  • Impacts de la problématique sur d’autres sphères de la vie (santé, isolement social, sexualité, profession, sport…)

  • L’addiction est poursuivie même après avoir eu un problème de santé grave causé par son addiction (problèmes cardiorespiratoires, problèmes musculo-squelettiques, infertilité…)

 

On a souvent du mal à imaginer que les dépendances alimentaires relèvent du champ des addiction car, dans l’inconscient collectif, la nourriture est considérée comme non-toxique. Or, on le sait maintenant, cela dépend grandement de l’utilisation qu’on en fait, ou plus précisément, de nos modes de consommation.

Cela étant, un patient en situation d’obésité morbide qui désire maigrir, ne peut le faire que s’il est conscient de ses addictions alimentaires et qu’il est résolu à les traiter. Comme dans tout sevrage, il sera alors forcément amené, à un moment ou à un autre, à opérer une forme de contrition de ses pulsions et ce temps de contrition s’accompagnera forcément de sensations de manque pénibles.

Un sevrage alimentaire est très difficile car il n’existe pas de substitution à la nourriture, il n’y a pas de « patch » calmant les envies alimentaires. D’autres part, contrairement aux autres toxiques, la nourriture ne peut être exclue de la vie, comme on le ferait avec le tabac ou l’alcool. Non seulement, manger est un besoin vital, mais en plus, il se répète 3 fois par jour, c’est dire combien la tentation est grande.

En revanche, et c’est un point sur lequel il faut beaucoup insister auprès des patients, le sevrage alimentaire est physiquement plus supportable que d’autres sevrages car il n’induit pas de symptômes de manque physiques insupportables tels que des sueurs, des tremblements, des troubles de la vision, des vertiges, des vomissements…

On comprend alors que le sevrage alimentaire est bien plus une épreuve psychique que physique, d’où l’intérêt de rencontrer un psychothérapeute spécialisé durant le parcours de perte de poids.

  

Hélène Noiré,

Pychologue clinicienne, Psychothérapeute d’orientation analytique, Hypnothérapeute.

Spécialisée dans l’accompagnement des problématiques alimentaires et pondérales depuis 2002.

Psychologue du Réseau de Chirurgie bariatrique des Cliniques Capio La Rochelle

Psychologue du Groupe d’Education Thérapeutique du patient obèse des Cliniques Capio La Rochelle

Consulte en cabinet privé, sur RDV, tous les après-midi : 96 allées du Mail, 17000 La Rochelle 05.46.00.98.25

Education thérapeutique du patient en situation d’obésité : 05.46.00.28.99

Diététicienne et Coordonnatrice du programme : Marie LEYRE

Infirmière spécialisée : Nadine LE DORLOT

Chirurgien spécialisé : Dr Ludwig PASQUIER

Psychologue spécialisée : Hélène NOIRE

Kinésithérapeute : Anne-Katherine BUSKOP

Caoch sportif adapté : Quentin GATIEN

Sophrologue : Lydie VIDEGAIN

Association Obésité 17

 

               

 

 

 

 


Hélène Noiré

Hélène Noiré, Psychothérapeute sur La Rochelle

CONTACT

Hélène Noiré vous reçoit dans son cabinet situé à la Clinique de l’Atlantique, 26 rue du moulin des justices, bâtiment L, 17138 Puilboreau.

Le cabinet est ouvert tous les après-midi à partir de 14h.

Les rendez-vous se prennent par téléphone, laissez un message et vous serez rappelé très rapidement.

 

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